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Ma gare, ma deuxième maison...
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Ma gare, ma deuxième maison...
  • Je ne pensais pas un jour atterrir dans une gare, y travailler, et aimer cela. J'aime les gens, les aider, mais ma passion, c'est d'écrire. Alors voilà : je vais écrire sur mon travail. Bon compromis, non ? Bonne lecture à tous !
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26 avril 2016

Besoin de m'exprimer...

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Si travailler à la SNCeuFeu m'a bien appris quelque chose, c'est la patience. C'est la clé de ma survie dans le monde merveilleux de la vie en gare.

Ces derniers temps, ma patience, certains lui font la peau. Je reste polie, courtoise, et parfois silencieuse. Mais à l'approche de la troisième grève en quelques semaines, les critiques se font de plus en plus virulentes, gratuites et insultantes. On remercie encore une fois les médias qui ne manquent pas de rajouter leur couche de mensonges à l'opinion déjà bien biaisée de la population.

Pour ceux que ça intéresse (et pour les autres, désolée de vous avoir ennuyé jusqu'ici), je vais remettre les choses au point. Et comme ces choses-là me concernent un petit peu, je pense quand même ne pas être trop loin de la vérité.

Je vais m'appuyer sur cet article pour m'exprimer.

 

1) Les facilités de circulation

Certains aiment se vendre du rêve là-dessus. C'est un avantage souvent ramené sur le tapis, sur un fond écoeurant de jalousie (quand les insultes fusent à cause de ça, je ne vois pas d'autre explication !). L'article dit : "La belle-mère d'un cheminot a par exemple droit à 4 billets gratuits par an." Faux. Mes parents ont un fichet qui leur permet quatre voyages par an, oui, mais ils ne sont pas gratuits. Si le prix n'est certes pas élevé et dépend du montant de la réservation choisie, il n'en reste pas moins que lorsqu'on avance de l'argent, eh bien... ça n'a rien de gratuit, si ? Ce genre de subtilité n'est rien d'autre qu'une volonté de diriger les gens vers une façon de penser bien précise : "Détestez les cheminots !" Et presque... "Eux vous détestent, alors faites-en autant, personne ne vous le reprochera !" Comme si nous étions le mal incarné, le diable en personne...

Personnellement, je ne me sers pas de mes facilités de circulation. Tout bêtement car mes horaires me contraignent à avoir une voiture (ou un chauffeur, ou un jet privé, mais tout mon argent part dans mes factures, ce n'est vraiment pas de chance !). Je commence trop tôt pour avoir un train, ou je finis trop tard pour pouvoir revenir chez moi en transport. Comment que je fais alors ? Je me débrouille autrement ! Les transports, je les emprunte quand je pars en formation sur Paris, par exemple. Dans le cadre de mon travail, donc. Je ne suis pas la ruine de la France, ni de l'entreprise, je vous assure ! Je reconnais que pour ceux qui les utlilisent, c'est un avantage qui peut se révéler très pratique. Mais méritons-nous d'être insultés pour cela ? Sommes-nous les seuls à bénéficier d'avantages liés à notre métier ? Je ne pense pas. Ces mêmes journalistes qui nous descendent souvent en flèche pourraient sans doute nous faire la liste de leurs avantages, non ?  Ce serait de bonne guerre !

Auparavant, quand je payais mon navigo et mes tickets, je n'allais pas bêtement cracher sur les employés. Je n'avais pas que ça à faire. Nous avons tous des valeurs différentes, il faut croire...

2) Le salaire

"Un cheminot est rémunéré en moyenne 3.090 euros brut mensuel, pour un temps complet. Un chiffre très proche du salaire mensuel moyen des Français, dans le privé comme dans le public, qui était de 2.912 euros selon l’Insee en 2013.

Mais il existe de fortes disparités de salaires en fonction des postes : un garde-barrière touche environ 1.864 euros brut, un agent de conduite de TER gagne 2.623 euros, et jusqu'à 8.993 euros pour les cadres supérieurs en contrats privés. Plus de 60% des cheminots touchent moins de 3.000 euros bruts."

Eh bien, le français moyen a bien de la chance, permettez-moi de le dire ! De quel monde utopique sortent ces chiffres ? Pourquoi parler de cette moyenne, quand elle semble aussi biaisée et peu représentative ? Eux-mêmes le disent : plus de la moitié des cheminots gagnent moins que ce chiffre ! Je n'ai aucune honte à le dire, mon salaire net de base s'élève à la somme mirobolante de 1250 euros. Et pourtant, c'est moi qui suis sur le terrain, et qui me fait insulter de branleuse privilégiée tous les jours. Comment un humain normal ferait pour ne pas ressentir d'injustice face à cela ? Je ne suis qu'un contribuable comme un autre, qui se lève tôt, se couche tard, voit très peu ses proches, croule sous les factures et les impôts en peinant à joindre les deux bouts. Cela va faire un an que je n'ai plus de quoi m'acheter un livre de temps en temps pour me faire plaisir ! Cela va faire un an que ma voiture tombe en ruines, et que je n'ai pas du tout les moyens de la faire réparer ! Suis-je plus privilégiée qu'un autre ? Seriez-vous content de me voir m'enfoncer plus bas encore ? Je ressens comme de la haine dans les paroles de certains. Une femme dans le train m'a souhaitée d'être au chômage et de me faire virer, car je venais de lui annoncer qu'il y avait des travaux sur la ligne... Mais dans quel monde vit-on pour souhaiter le malheur des autres et oeuvrer pour la régression ? Pourquoi tout niveller vers le bas ? Personnellement, les gens qui ne travaillent pas le week-end, ou gagnent de très bons salaires... Je ne leur souhaite aucun mal. Plutôt que de dire "ils devraient être payés moins, ils devraient travailler beaucoup plus, j'espère qu'ils n'auront plus de vie privée, ils sont feignants, etc", je me dirais plutôt : "Pourquoi tous les travailleurs ne sont pas aussi bien considérés ?". C'est ça, la vraie question. Si je pose là un pavé, c'est bien que je me sens opressée par cette haine, cette volonté de faire du mal... Je ne vois pas bien où nous allons, tous. Nous devenons mauvais. Cela me rend vraiment triste, je vous assure.

3) Les repos.

Certains diront que nous avons 164 jours de congés payés (Coucou BFMTV, à quand un cours de rattrapage en journalisme pour savoir faire la différence entre un congé payé et un repos hebdomadaire ?). D'autres, que nous en avons soixante (Coucou TF1 ! A quand une information fiable et basée sur des recherches pointilleuses ?). D'autres, que nous travaillons un jour par semaine, et que nous sommes payés 8000 euros par mois (vous, je vous dis même pas coucou). Bref, on en entend des vertes et des pas mûres, si bien que parfois nous prend l'envie d'aller réclamer à nos dirigeants les quelques dizaines de congés payés qu'il semble nous manquer.

Soyons très clairs.

Nous avons 28 jours de congés payés par an. A cela s'ajoute les fériés. Rien d'exceptionnel, me semble-t-il ? Tout le monde y a droit, non ? La seule différence, c'est que les jours fériés, nous devons être présents pour assurer le service, nous les rattrapons donc un autre jour. Nous avons également des repos complémentaires en raison des horaires de nuit. Je ne trouve pas que cela soit inaproprié... J'estime normal, si ça n'est pas le cas, que tout travailleur de nuit en bénéficie. Tous les médecins vous diront que travailler de nuit/en décalé est très mauvais pour la santé et réduit l'espérance de vie. Alors nous accorder quelques repos supplémentaires pour cela, je ne vois pas le mal, franchement. Il y a ensuite les repos hebdomadaires, ces repos dont jouissent, je l'espère, la quasi-totalité des salariés. Ce sont les jours, dans la semaine, où vous ne travaillez pas. "Normalement", ce sont le samedi et le dimanche. Chez nous, un repos double samedi-dimanche n'est garanti qu'une fois par mois. Et même un repos double tout court (qu'importe le jour) n'est pas toujours garanti, et le sera encore moins si nous laissons passer le décret socle qu'on souhaite nous imposer par la force. Par exemple, ce mois-ci, j'ai eu mon repos double samedi-dimanche obligatoire, et un autre repos double garanti (mais sans obligation d'être placé sur un samedi-dimanche, celui-ci). Le reste du mois, j'ai enchaîné des séries de six jours, précédées d'un seul jour de repos... Et rebelotte la semaine suivante ! Je n'en menais pas large. Je ne dis pas qu'il faut sortir les mouchoirs et nous plaindre ; je dis seulement que pour ces raisons, il est vraiment impoli et déplacé de nous affubler de qualificatifs tels que "branleurs", "feignants" ou "privilégiés". Crotte de bique !

4) La retraite

"L'âge moyen de départ en retraite des cheminots était, en 2015, de 53 ans pour les agents de conduite et 57 ans pour les autres."

Le monde des bisounours, en somme. Personnellement, ce n'est pas parce que se teindre les cheveux en vert est autorisé, que je vais le faire. Et ce n'est pas parce que j'aurai le droit de partir en retraite à 57 ans que je le ferai. Car si je fais un calcul très simple, pour toucher une pension à taux plein, je vais devoir cottiser 43 ans. Sachant que j'ai été embauchée à vingt-ans, je partirai à la retraite à 63 ans. Soit, six ans plus tard que ce qui est écrit dans l'article. Il faudra me dire dans quel monde on peut se permettre de prendre sa retraite avec une pension incomplète. J'ai déjà du mal à m'en sortir avec un salaire, alors je ne vais pas faire la rigolote à l'heure de la retraite ! J'irai jusqu'au bout, et je ne m'inquiète pas pour ça, je sais que la ligne d'arrivée va encore être repoussée bien des fois d'ici à ce que j'y arrive (merci le gouvernement). En théorie, vous avez raison de nous jalouser, c'est vrai que ça fait rêver d'arrêter de bosser à 53 ans et de rester chez soi à jardiner pour 2000 euros par mois (franchement...). Théorie est un pays très lointain ! Même, qu'en fait, il n'existe pas !

 

5) La grève

Là dessus, je ne m'atarderai pas. J'en ai déjà parlé dans un autre article, et de toute manière, c'est le sujet le plus sensible. C'est un peu le sujet qu'on nous ressort à toutes les sauces dans toutes les situations possibles. Un jour, ma collègue a dit : "Bonjour, Monsieur" à un client qui venait à son guichet. Pour toute réponse, elle a reçu un magnifique : "Alors, vous faites pas grève aujourd'hui, les feignasses ! Allez, un ticket pour Paris". Au delà de l'impolitesse de ce monsieur qui se pensait sans doute très légitime dans son manque de respect à l'encontre de ma collègue, cela démontre bien qu'on nous fera toujours regretter les grèves passées, actuelles, et futures. La grève, c'est tabou, et il faut en venir à bout ! Retenez seulement que si quelques grèves vous échappent (et à moi aussi, quelquefois), la majorité ont leur raison d'être. Sans les grévistes, nous n'aurions pas les congés payés, la couverture sociale... Et aujourd'hui, nous nous sommes engagés dans un véritable combat contre la casse du code du travail. Ce n'est pas que pour nous, c'est pour tout le monde. Et ça, heureusement que certains l'ont bien compris ! La preuve, lors des manifestations, les cheminots ne sont qu'un groupe parmi d'autres... Tellement de professions se sont réunies et ont osé dire "non" dans la rue, ça me donne espoir ! Et c'est bien la preuve que les grèves, au moins les actuelles, sont nécessaires. Un cheminot n'est pas payé lorsqu'il est gréviste (non, il est payé double, LOLOL), et il ne le fait sûrement pas par plaisir, surtout lorsqu'il doit, comme tout le monde, payer un loyer et des factures. S'il perd son salaire, c'est qu'il estime que c'est la seule solution. Comment se faire entendre aujourd'hui ? Il y a comme un sentiment de mépris qui flotte dans l'air... J'ai tellement l'impression que le gouvernement n'écoute pas ceux qui ont voté pour eux... Alors que sans ces vaches à lait qu'ils exploitent, ils ne seraient pas au pouvoir ! Bref, le but ultime de tout cela est d'une simplicité incroyable : s'exprimer. S'exprimer, donner son avis, c'est tellement mal vu aujourd'hui... Malheureusement, il n'y a pas dix milles façons de le faire. L'exemple le plus parlant. Une dame dit à Manuel Valls "La loi El Khomri, on en veut pas !", et le bougre de répondre "Vous l'aurez quand même !"

ALLO LA TERRE ! Comment négocier avec ces énergumènes ? Comment avoir espoir de discussions paisibles et intelligentes avec des personnes si méprisantes et déconnectées ? Je comprends cette colère qui gronde et qui fait monter l'envie de hurler. Hurler que non, nous ne sommes pas d'accord. Que nous aussi, nous avons le droit de décider !

 

Une seule chose à ajouter : dites-vous que d'en haut, ils se frottent bien les mains. Nous sommes tous là, à nous disputer, à essayer de prouver que l'autre est plus avantagé que nous, qu'il faut broyer les salariés qui ont ce que nous n'avons pas ! Tout cela sans nous tourner vers les vrais responsables, qui eux, se régalent de ce combat de boxe bon marché que nous leur offrons. Ne soyons pas aussi pitoyables qu'ils l'espèrent. Soyons tous ensemble. Et surtout, si vous voulez savoir la vérité, je vous déconseille de manger votre soupe devant TF1, France 2, M6... Ils ne sont doués que pour nous faire avaler de la bouillie, sans véritablement informer. Peut-être disent-ils parfois la vérité... Mais comment le savoir, quand ils sont pris si souvent en flagrant délit de mensonge ?

Je nous souhaite bon courage à tous. Ce n'est vraiment pas simple tout cela. J'espère, quand même, qu'on saura un jour tous se respecter. C'est ce qui compte, et ce serait vraiment un magnifique début !

Je m'excuse si je suis parfois tatônnante, ou un peu brute, je ne suis qu'une jeune adulte un peu ahurie de toutes ces guéguerres stupides. J'espère ne pas vous avoir ennuyé. Je suis ouverte à toute discussion aimable et respectueuse, cela va sans dire ! je vous souhaite une belle journée/soirée/nuit.

 

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Commentaires
E
Je crois que tu ne peux pas être plus EXPLICITE. Nous sommes nombreux heureusement à respecter ton métier et ton entreprise. Mais voilà gueuler, râler, insulter le personnel SNCF c'est un sport national que je ne comprendrais jamais. <br /> <br /> <br /> <br /> Cela fait longtemps que je n'écoute plus les Médias parler de grève SNCF. C'est toujours le même discours depuis 30 ans. A part de te dire qu'il y' aura 1 train sur 2 : bien. A l'époque d'internet ça rend vachement service. Le commun des citoyens mortels comprendra facilement la réalité pro en s'écartant de son écran TV.<br /> <br /> <br /> <br /> Combien de gens peuvent ils expliquer la grève du 26 ?<br /> <br /> <br /> <br /> Heureusement tous les trains ne sont pas en retard, mais on parle que de ceux là. Celui de 0h52 à Paris Nord que j'ai emprunté longuement il y a 20 ans n'a été jamais SUPPRIME. Ah bon ? SNCF serait plutôt infaillibles. Bien sur qu'il y' a des faiblesses, des brebis galeuses comme partout. Simplement tout le monde croit connaître SNCF.<br /> <br /> <br /> <br /> Même passionnée rail j'en apprends tous les jours et j'apprendrai encore. <br /> <br /> <br /> <br /> Je te remercie de faire partager ces états d'ames. Dommage que je ne suis pas sur la ligne H 😊. Continues, derrière deux cons, il y a toujours un sage. Enfin je crois ...
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