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Ma gare, ma deuxième maison...
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Ma gare, ma deuxième maison...
  • Je ne pensais pas un jour atterrir dans une gare, y travailler, et aimer cela. J'aime les gens, les aider, mais ma passion, c'est d'écrire. Alors voilà : je vais écrire sur mon travail. Bon compromis, non ? Bonne lecture à tous !
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12 mai 2016

Bon agent et gréviste : incompatible ?

Aujourd'hui, quelqu'un m'a dit (reproché ?) que j'étais paradoxale. Pourquoi ? Car je fais grève, mais après, quand je suis au travail, eh bien... Je travaille.

greve

Quand on m'a dit "C'est paradoxal, tu fais grève, mais quand tu es là, tu fais ce qu'on te demande" (ce qu'on me demande = mon taf)

 

Je suis restée plutôt dubitative. Est-il vraiment nécessaire de répondre à ce genre de choses, sans avoir l'air, au fond, de se justifier ? Dois-je vraiment m'excuser de faire mon travail, sans pour autant être d'accord avec toutes les régressions que l'on veut nous imposer ?

Cela m'a amenée à réfléchir quelques instants là dessus. Je me suis dit que la question n'était pas "Un gréviste est-il un mauvais agent ?" mais "Un gréviste DOIT-il être un mauvais agent ?"

Pour moi, la réponse à ces deux questions est : NON ! Bien entendu que non !

N'a-t-on pas justement plus de légétimité à s'opposer à certaines décisions, certaines organisations, si nous sommes de bons éléments ? Doit-on réellement se forcer à mal travailler, juste pour avoir l'air crédible dans notre rôle de gréviste ?

Je vais énoncer une évidence, qui n'a pas l'air si évidente, en fin de compte : un gréviste n'est pas un incompétent. Un gréviste n'est pas une sorte de branleur qui ne sait pas faire son travail et qui se met en grève pour aller jouer au tennis ou rester au lit toute la journée (je ne perdrai pas ma journée de salaire pour ça personnellement, je préfère attendre mes repos, si ce n'est que ça !). Un gréviste, c'est juste (la majorité du temps) quelqu'un qui dit "NON" à quelque chose de précis, qui demande du respect, de l'écoute, et de la négociation. Je ne vois pas en quoi ces demandes sont incompatibles avec un travail bien fait lorsque je suis là. Accomplir mes missions est-il donc une soumission à mon patron ? Ne suis-je pas, tout bêtement, présente et payée pour cela ? Je ne vais pas au delà de mes missions, et si je le fais, ça sera par serviabilité envers un client qui le mérite, et non pour faire plaisir à un supérieur.

J'ai quelques horribles défauts au travail : je suis gentille, serviable, tolérante, et surtout, je fais ce qui m'est demandé. Tout simplement car tenir un guichet, faire de l'accueil en heure de pointe, redémarrer un automate capricieux, faire les tests de sécurité, arriver à l'heure, être agréable avec les clients, tout cela n'est pas un écrasement face à mes supérieurs. C'est simplement mon boulot. Et je trouve très dommage de devoir avoir honte de cela. Je trouve déplorable de ne pas avoir le droit de m'exprimer, d'afficher mon mécontentement envers notre décret socle (par exemple), JUSTE parce que je fais mon travail lorsque je suis là. Serais-je plus crédible si je n'en branlais pas une, et qu'ensuite je venais demander des comptes ? Est-ce vraiment judicieux ?

Je ne dis pas que je serai davantage écoutée juste parce que j'aime mon travail et que j'essaie de le faire au mieux. C'est par pur égoïsme que je suis ainsi, car j'ai une certaine conscience professionnelle, et je me sentirais mal d'être une glandeuse et d'oser faire la rebelle ensuite.

Il n'y a rien d'honteux à faire son travail, à aimer ça. Si tous les grévistes étaient des mauvais éléments, on ne serait pas sortis de l'auberge ! Je vais même aller plus loin. Je suis gréviste CAR j'aime mon entreprise. Je n'ai pas envie qu'on la dépouille de ses qualités, de sa beauté, par simple quête du profit à tout prix. Je n'ai pas envie que des conducteurs soient poussés au bout de leurs limites physiques à cause d'un décret socle plus que passable, alors qu'ils ont dans leurs trains la vie de tous nos clients entre leurs mains ! Je n'ai pas envie que tous les travailleurs de notre pays soient pris pour les pigeons qu'ils ne sont pas. Je n'ai pas envie que mon entreprise ne soit qu'une entreprise parmi d'autres, qui cherche du chiffre, du chiffre, du chiffre... J'aime assez l'idée que l'on soit là pour rendre service. Bien sûr, nous avons besoin d'un certain bénéfice pour subsister ; mais c'est sans doute largement possible sans mettre de côté la serviabilité, la sécurité, le service client.

Je me suis un peu égarée dans mes idées.

Tout cela pour dire que j'en ai marre d'être gênée pour si peu. Pas besoin d'être un glandeur pour être légitime à faire grève. C'est bien le contraire, à mon humble avis. Je respecte mes valeurs, mes idées. Et je ne fais pas grève pour demander le droit de glander, et d'être payée 4000 euros à ne rien foutre. Si c'était le cas, oui, on pourrait me trouver paradoxale... Mais ça ne l'est pas. Justement car je fais correctement mon travail, je veux au moins qu'on me respecte en tant qu'être humain, et qu'on ne m'en impose pas davantage sans contrepartie (et cette requête vaut pour tous les salariés, bien sûr).

Qu'en pensez-vous ?

Bonne journée à tous !

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